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Les reconstructions mammaires

Depuis 35 ans les techniques de reconstruction mammaire ont beaucoup évolué. A l’époque l’objectif était surtout d’obtenir un volume apportant un confort à la patiente, soit par prothèse, soit par lambeau myocutané (utilisant un muscle qui amène la vascularisation à la graisse et à la peau du lambeau attachées au muscle) que ce soit de grand dorsal avec une prothèse ou de grand droit de l’abdomen (appelé TRAM) sans prothèse. Grâce à l’évolution des techniques et surtout grâce à l’apport du lipofilling, le résultat des reconstructions s’est nettement amélioré. L’objectif de la reconstruction est maintenant d’obtenir un meilleur aspect (pour avoir une très bonne symétrie par rapport au sein controlatéral) et une meilleure consistance (pour obtenir un toucher plus naturel) du sein reconstruit. Certains développent des techniques de reconstruction microchirurgicales permettant d’utiliser le même excédent cutanéo-graisseux que le TRAM mais sans prélèvement du muscle grand droit (DIEP), ou prélevant d’autres parties du corps (comme la face interne des cuisses). Je ne les réalise pas, car elles demandent une formation spécifique et une grande pratique de la microchirurgie pour obtenir de bons résultats. Le taux d’échec moyen du DIEP dans les équipes entrainées est de l’ordre de 5% de perte complète […]

Il faut dans un premier temps par un bon examen clinique évaluer la faisabilité de chaque technique, qui est différente pour chaque patiente. Une reconstruction par prothèse sera possible si la souplesse de la cicatrice est bonne et si les tissus sont suffisamment épais après une mastectomie. La reconstruction par grand dorsal parait plus ou moins simple en fonction de la quantité de tissu qui peut être prélevée dans le dos sans tension excessive. La reconstruction par Minidorsal lipofillé nécessite un pinch test favorable et des zones donneuses suffisantes Pinch test pour MNDLF La reconstruction par Tram nécessite une zone donneuse suffisante. Le lipofilling ne peut se réaliser qu’en fonction des possibilités de lipoaspiration. Une fois les possibilités évaluées, le choix sera parfois limité, du fait de la morphologie de la patiente et surtout du fait d’antécédents de radiothérapie. Lorsqu’il n’y a pas eu de radiothérapie, même dans les situations qui semblent difficiles une reconstruction par prothèse est le plus souvent réalisable. Après radiothérapie, la reconstruction par prothèse est plus difficile voire impossible et le choix se portera plutôt sur une reconstruction par lambeau autologue. Si plusieurs options sont possibles, le choix la technique de reconstruction reviendra à la patiente, […]

Le bénéfice psychologique de la reconstruction immédiate est très important pour la patiente opérée qui pourra rapidement s’habiller et mettre un maillot de bain, sans utiliser de prothèse mammaire externe, et sans que l’on s’aperçoive qu’elle a subi une mastectomie totale. Il n’y a pas si longtemps, certains disaient qu’il était nécessaire de passer par la douleur psychologique de la mastectomie et de faire « le deuil de son sein » pour mieux apprécier la reconstruction, dans un deuxième temps. Au vu de ma pratique, je ne pense pas que cela soit nécessaire, même s’il est plus facile de satisfaire avec un résultat moyen une patiente ayant une reconstruction secondaire plutôt qu’immédiate. Certaines patientes ayant une reconstruction immédiate imaginent que c’est une intervention de chirurgie esthétique et sont très pointilleuses et difficiles à satisfaire. Dans tous les cas il faut bien expliquer à ces patientes avant de les opérer que le sein reconstruit, même de la meilleure façon possible ne sera jamais comme un sein non opéré. Il ya aura toujours, pour le moins, une disparition de la sensibilité, même si l’aspect extérieur et la consistance du sein reconstruit sont identiques au sein controlatéral. Les patientes demandeuses d’une reconstruction le sont en […]